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diversity
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From 2012 to 2016, France and Italy
An appeal to safeguard natural and cultural diversity with :
Nils-Udo, Anne Richard, Dominique Bourg, Hervé Naillon, Alfredo Pena-Vega, Anne-Sophie Novel, Alain Baraton, Bernard Lagrange, Lydia et Claude Bourguignon, Elie Guillou, Luc Jacquet, Franck Laval, François Letourneux, Francis Hallé, Georges Feterman, Morgan Renault, Jean-Louis Janeau, Nicolas Sarrade, Odile Marcel, Pierre Mollo, Sandrine Bélier, Tristan Lecomte, Thierry Legault, Valérie Cabanes, François Sarano, Lamya Essemlali, Loïc Fel, Corine Pelluchon, Nicolas Hulot, Pablo Servigne, Raphaël Stevens, Stefano Mancuso, Vincent Munier, Muriel Nègre, Catherine Gabrié, Jean-Philippe Grillet, Myriam Dupuis, Gilles Clement, Marc Deneyer, Hélène Leriche, Christophe Orazio, Emmanuel Hussenet, Bernard Lagrange, Morgan Renault.
Le piante sono per noi animali dei veri e propri modelli di alterità : quasi come fossero degli alieni. Sono realizzate in una maniera che potremmo definire modulare. In un certo senso la pianta è come se fosse una colonia. Non è la singola formica, ma l’intera colonia che meglio rappresenta il modo in cui le piante sono costruite e funzionano.
La loro costruzione è la quintessenza della modernità: un’architettura modulare, cooperativa, distribuita e senza centri di comando, in grado di resistere perfettamente a predazioni catastrofiche e ripetute senza perdere di funzionalità. In pratica il sogno di ogni ingegnere. In più sono esseri intelligenti, in grado di memorizzare e apprendere, di comunicare con altre piante e con animali, di cambiare il proprio comportamento in funzione del grado di parentela, con una vita sociale complessa e sfaccettata.
La nostra vita dipende da queste straordinarie creature: rispettarle vuol dire farci un gran favore.
Stefano Mancuso
Je suis née à la campagne à la fin des années soixante. Je ne peux pas dire que la nature ait été au cœur de mes préoccupations lorsque j’étais enfant ou même adolescente. Je la voyais comme un simple décor de mon existence. Les animaux, eux, m’intéressaient. J’aimais leur compagnie, celle des chiens et des chats qui vivaient avec nous, mais aussi celle des vaches que je regardais paître de la chambre où, pendant de longues heures, je restais enfermée à lire. A l’époque, elles avaient encore leurs cornes et on les appelait par leurs prénoms. J’allais rendre visite aux poules qui vivaient leur vie et pondaient chacune à son rythme et dans son coin. Les cochons avaient une existence brève, mais, au moins, ils avaient l’air heureux et passaient leurs journées à fouiner le sol et à communiquer entre eux. L’enfer de l’élevage industriel ne s’était pas encore généralisé.
Studieuse, amoureuse de la littérature, fascinée par la philosophie qui a d’emblée été ma grande passion, je ne m’imaginais pas m’installer dans un village comme celui où j’ai passé les premières années de ma vie, mais en ville, avec des cinémas, des bibliothèques, des trottoirs où mes escarpins ne se saliraient pas, et en étant arrachée à la solitude de mon enfance. Pourtant, lorsque j’ai commencé à écrire des livres qui ne traitaient pas de la pensée des autres, mais me permettaient de saisir la mienne, c’est notre rapport au vivant et notre manière d’habiter la terre qui se sont imposés comme un fil directeur reliant tous mes efforts, organisant ma réflexion, la rattachant à ce qui est devenu, au fil du temps, un engagement à la fois intellectuel et politique.
Le mot « écologie » traduit mal les liens de dépendance entre les hommes et leurs milieux, l’impossibilité où nous sommes de nous abstraire des conditions à la fois environnementales et sociales de notre existence. L’écologie, qui signifie étymologiquement la science ou le discours portant sur l’oikos, le foyer des terriens, tend aujourd’hui à désigner une discipline à part, coupée des préoccupations des hommes. Cette manière de penser encourage des prises de positions tranchées et dogmatiques, comme si, pour protéger la nature et les animaux, il fallait se détourner des humains. Il s’agit d’un contresens. Ce dernier explique que, sur le plan politique, l’écologie soit plus ou moins récupérée par un parti politique, alors qu’elle devrait être considérée comme une préoccupation fondamentale, présente dans chacune de nos décisions personnelles ou collectives, défendue de manière transversale.
Tout mon travail vise à libérer le potentiel non seulement critique, mais aussi constructif de cette inscription de l’écologie au cœur de notre existence. Il s’agit de repenser notre rapport à la nature, en cessant de l’appréhender comme un réservoir de ressources, en remplaçant le mot « ressources » par le mot « nourritures ». Celles-ci désignent tout ce dont je vis - qui est à la fois naturel et culturel - et dont je jouis, parce que cela répond à mes besoins et que cela donne un sens et une saveur à mon existence, comme la beauté d’un paysage, le respect d’un travail bien fait, qui passe par le respect des êtres humains et non humains qu’il implique et par le refus de transformer le rapport au vivant en une industrie.
Cette manière de faire de l’écologie le chapitre d’une philosophie de l’existence rafraîchit la signification attribuée d’ordinaire à l’éthique, puisque celle-ci s’étend aux générations futures, à la nature et aux autres vivants, et qu’elle a un sens dès que je mange ou que j’occupe un espace, utilise une technique, cultive la terre, etc. De même, la justice devient le partage des nourritures avec les hommes vivant loin de chez nous et avec les autres vivants.
Parce que penser ainsi l’écologie et la condition humaine, c’est comprendre que nous ne sommes jamais seuls, que notre vie individuelle est débordée par celle des autres êtres, passés, présents et futurs, humains et non humains, cette réflexion conduit à changer les finalités du politique en faisant figurer, à côté de la sécurité et de la réduction des inégalités, de nouveaux devoirs de l’Etat : la protection de la nature, l’amélioration de la condition animale, le souci pour les générations futures, et le droit de bien vivre, et pas seulement de survivre.
Corine Pelluchon
«L’Homme et tout ce qui en dépend se trouve en dehors de la nature. Dans chacune de ses apparitions et interventions, il porte en lui, toujours et partout, fatalement et inévitablement, une seule chose : la destruction.
J’ai choisi comme toile de fond de mon travail notre condition humaine néfaste et cette opposition fondamentale. Mon travail blesse car il met l’homme face à la pureté, la sanité, la virginité et de la nature.
Mon travail naît lorsque je m’abandonne, que j’oublie que j’existe et agis dans la nature en tant que nature.
Si je pensais et ressentais différemment, mon œuvre ne pourrait exister.
Elle n’aurait pas pu voir le jour car le point de départ de toutes mes actions, le moteur de chacun de mes travaux, c’est de tenter en vain, c’est duper l’inévitable.
Si je m’écoutais, je ne ferai rien.
On ne devrait pas imposer à la nature n’importe quels artifices ou objets préfabriqués. Ridicule ! La nature elle-même est l’objet. Elle n’a pas besoin de nous.»
Nils-Udo
La nature m’apaise, me guérit. Qu’elle m’offre un fjord, un glacier, une forêt tropicale, un désert ou un bocage inondé en bord de Loire, elle est un antidote, source majeure d’inspiration ou seulement d’émerveillement. Pourtant, mon travail et ma passion pour la musique m’obligent à habiter Paris, dans le bruit et le désordre.
Mais je m’échappe dès que j’en ai l’occasion.
Cette ultra-sensibilité au beau naturel, je la dois à mes parents, plus précisément à mon père, James, qui fût mon compagnon de promenade champêtre tout le temps de mon enfance passée dans le Maine-et-Loire.
James, mécano bientôt à la retraite, chasseur écolo, est de ceux qui voient la chasse comme un prétexte pour faire
un tour, sortir les chiens et à l’occasion, cuisiner un bon repas dominical à base de gibier. Un moment de solitude en nature pour celui qui, gamin, faisait ses devoirs sur le dos des vaches, une corneille domestique perchée sur l’épaule, son lance-pierre toujours fourrée sous la ceinture d’un pantalon jamais neuf. Tout est dit. Cet enfant est un héros.
Moi, rat des villes, suis fasciné par sa capacité à tout simplement respirer et se mouvoir en parfaite adéquation avec son environnement. Regardez-le saisir un ballot de paille de sa main puissante avant de la jeter au fond du clapier ou couper une salade dans son potager et vous comprendrez. Il transforme ces gestes du quotidien en scènes magnifiques.
Mais il ne le sait pas, c’est son Pouvoir.
Sans même s’en rendre compte, avec des habitudes simples et quelques phrases lâchées comme ça, il a formé mon individu, m’a offert un peu de ce Pouvoir que j’utilise à ma manière et tente de transmettre à mon tour.
Je l’entends encore pester sans retenu contre ces cons qui vident leurs poubelles le long du chemin forestier, celui que nous suivions, jumelles en main, pour aller observer les lapins de garennes, ou être désolé car il n’avait aucun moyen d’éviter les pâquerettes en tondant la pelouse. Aussi, il appelait Ma Copine, l’énorme araignée qui se réfugiait tous les soirs dans le buffet, en m’expliquant que c’était un signe d’espoir et qu’il ne fallait surtout pas la tuer, à la limite, juste la mettre dehors avec un mouchoir.
Il y a en a donc de l’espoir, puisqu’il le dit.
Morgan Renault