Julie Boileau

Permaphotographie

L’écologie est la science qui étudie les êtres vivants et leurs interactions dans leur milieu. Elle est aussi une manière de penser et d’agir qui prend en compte tous les êtres et les conséquences de leurs actions dans l’organisation de la société. Elle est vitale pour l’humain et lui permet donc d’éviter toute conséquence dramatique pour lui et le Vivant, dans tous les domaines.
Nous voyons que la société est en avance sur sa gouvernance qui protège encore un système capitaliste destructeur de l’humanité, des liens qu’ont les humains entre eux et avec les autres êtres.

En 2020, les impacts environnementaux de l’industrie liés à la fabrication des images et à leur diffusion restent considérables. La pratique de cette activité (professionnelle ou non) impacte encore fortement et négativement l’environnement.
L’utilisation de l’Image est quotidienne et son pouvoir est universel.
Conscients, aimants et responsables de notre environnement, nous, Créateurs et créatrices d'images, ne voulons plus soutenir la surconsommation.

Nous devons adapter notre pratique aux enjeux actuels.

En tant que témoins, rapporteurs et conteurs de notre peuple et du monde, les créateurs d’images voudraient avoir la possibilité de continuer leur activité sans avoir des preuves quotidiennes que cette activité les détruit.

Le manifeste de la Perma-photographie concerne toutes les pratiques de la photographie. Il ne se rapporte pas au sujet photographié mais au photographe et à sa relation à son métier et à l’Autre.

Par ce manifeste, nous exigeons de tous les fabricants en lien avec la création d’image matérialisée ou dématérialisée des outils les moins impactants possibles, dans des délais très courts :

Voici une liste non exhaustive de demandes aux fabricants :
- Une évolution technique plus qualitative et moins quantitative
- Un matériel solide, adaptable et réparable
- Une traçabilité des métaux précieux, autres matériaux et des déchets qui permettent la fabrication
- Une traçabilité des besoins humains pour la construction
- Des produits recyclables si possible, neutres (colle, adhésifs) et des quantités raisonnables de solvants et non-biocide, des fournisseurs locaux
ou nationaux, dans les matières premières choisies.
- Des accessoires identiques en montée de gamme (batterie, objectifs, etc)
- Des fiches et/ou des formations techniques et pratiques qui présentent, affirment et assument cette nouvelle stratégie
- Un dialogue fabricant/acheteur renforcé concernant l’évolution du matériel vers une empreinte environnementale toujours plus faible
- Des labels «longue durée» et anti-obsolescence pour informer les acheteurs à l’achat
- Des réseaux de réparation et de produits d’occasion officiels, soutenus et mis en avant
- Une récupération du matériel hors-service pour recyclage

Le système en place ne nous aide pas à garder confiance en notre métier et en nous-mêmes. Nous devons réagir, sans quoi nous serons finalement remplacés. Pour cela, nous prenons nos responsabilités. La première étant de protéger la respectabilité de nos métiers.

Chaque image que l’on partage, ou que l’on vend doit être réfléchie.

Aussi, nous pouvons choisir que cette activité ne soit pas trop énergivore, plus qualitative et moins quantitative (par exemple nous pouvons nous imposer et proposer un nombre fini et raisonnable de photographies).

Nous devons d’ores et déjà nous adapter et évoluer vers un parc technique moins polluant, chercher, demander des solutions pour l’utilisation d’un matériel adapté.

Nous devons nous renseigner, questionner les marques et les vendeurs sur les évolutions techniques qui vont dans ce sens.

Logiquement, et s’il en a la possibilité économique, le photographe doit se poser la question d’accepter ou non un client qui ne respecte pas le Vivant.

Il est important de privilégier les échanges et d’imposer une temporalité sensée dans toutes les phases de l’activité.

Enfin, gardons toujours un oeil sur le sens de notre activité ; ne tombons pas dans la misère de la désinformation, voire la propagande, faciles à articuler par l’image et nourricières d’un système déshumanisant.


Julie Boileau (artiste photographe)

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